Archives pour la catégorie Croyances populaires

Abres à loques, arbres à clous

N’hésitez pas à vous rendre sur mon blog  http://mmaurou.wordpress.com/    que je tiens à jour. Vous y trouverez les mêmes thèmes que sur mon blog de Unblog  

http://mmaurou.wordpress.com/

Ci-après, extrait du blog de  Krapo  . Merci pour son aimable autorisation dans mon blog « Vagabondage au mileu des ruines d’Hampi, site grandiose classé au patrimoine mondial de l’Unesco, Au hasard d’une promenade, un banyan vénérable ! Un arbre à voeux, vous pouvez voir les petits sacs accrochés aux racines, ils contiennent des souhaits d’indiens qui seront exaucés, lorsque la racine touchera le sol pour former un nouveau tronc.

Une sacrée impression ce géant du Karnâtaka, lieu de pélerinage pour les hindoux qui lui vouent une très grande dévotion. Fait exceptionnel, il était en fleur, regardez bien au 1er plan… »arbre à voeux

Photo de krapo cclogo3.jpg

Avec l’aimable autorisation de Krapo  http://krapoarboricole.unblog.fr/tag/coups-de-coeur/

Les arbres à voeux de Lam Tsuen à Hong Kong   http://www.azurever.com/hong-kong/magazine/hong-kong-arbres-voeux.php3

Blog de Jérôme Hutin « arbres vénérables »  http://arbresvenerables.free.fr/ArbresVenerables/APPEL_SIGNATURES/livredor.php3?action=readall

Un arbre à clous à Pradines dans le Lot (46)  photos prises par Krapo

Arbre à clous à Pradines dans le Lotarbre à clous pradines

http://krapoarboricole.unblog.fr/2008/03/02/chataignier-a-clous-pradines-lot/

Photos ci-dessous envoyées par Francine A gauche, arbre à loques à Beloeil (Belgique) et les deux autres, arbre se trouvant à Herchies (Belgique)

Photo sans titremai 442mai 443

Lieux sacrés  http://lieuxsacres.canalblog.com/

nouveau lin pour Sainte Rita   http://unmomentdecalme.com/page211SainteRita.html

n’hésitez pas à vous rendre sur mon blog que je tiens à jour concernant les arbres, chapelles, etc… à loques mais aussi toutes les autres croyances   http://michel46140.spaces.live.com

Suite lieux où vous trouverez des arbres, fontaines, chapelles, calvaires à loques

ARARCO : Merci aussi à Monsieur Patrick ANSAR, directeur général adjoint en charge des Affaires Culturelles et du Patrimoine et conservateur délégué des Antiquités et Objets d’Art du Nord qui m’a communiqué de précieuses informations sur les arbres à loques mais aussi sur les chapelles, calvaires, fontaines. 

Il m’a recommandé plusieurs ouvrages dont un déjà ancien (1936) de Monsieur Maurice Crampon sur le »culte de l’arbre en Picardie ». Ce livre n’est plus disponible en librairie. On peut le consulter sur place à la Médiathèque Jean Lévy à Lille au 32-34 rue Edouard Delesalle. Deux autres ouvrages :  »le folklore de Picardie, Amiens, Musée de Picardie, de Maurice Crampon et de Jacques Wailly -  « Croyances et cultes populaires en Picardie » Amiens,Martelle Editions, de Yvan Brohard et Jean François Leblond .

Je remercie aussi l’ARARCO et Monsieur Thierry Sandevoir qui ont transmis ma demande de recherche auprès du bon interlocuteur Monsieur Patrick ANSAR.

Site de l’ARARCO : http://asso.nordnet.fr/ararcoARARCO (association régionale pour l’aide à la restauration des Chapelles et Oratoires), BP 318  59026 LILLE Cédex  03 20 55 20 28  mail : ararco@nordnet.fr. Cette association édite un journal « Chapelles »

Ci-dessous informations communiquées par l’ARARCO :

 Arbres à loques :

     Bailleul : dans le Nord (59), au lieu dit »Ziekelynde », appelé tilleul des malades. Les pélerins prient une Vierge dans une niche et accrochent à l’arbre, des ligatures, des jarretières, des cordons de paille (Messiant, chemins et chapelles de Bailleul, p 28), sur cet arbre, une foule de pèlerins viennent sans cesse adresser leurs prières à une image de la Vierge, renfermée dans une petite chapelle fixée à cet arbre, auquel les visiteurs par un préjugé absurde, croient nécessaires d’accrocheer des ligatures, des jarretières ou des cordons de paille comme cela se fait à une chapelle à Leffrinckoucke (Bertrand p 152).

     Neuville-Coppegueule : dans la Somme (80), arbre Saint Claude ou friperie d’St Gleude, arbre à loques contre les fièvres, on y accrochait des rubans et des vêtements (croyances et cultes populaires en Picardie, Martelle Editions, p 16, Brochard (Yvan) et Leblond (Jean François)

     Longueil Sainte Marie : dans l’Oise (60), rubans et pièces de vêtements accrochés à trois marroniers proches d’une chapelle (croyances et cultes populaires en Picardie, Martelle Editions, p 16, Brochard (Yvan) et Leblond (Jean François)

     Sainte Fontaine à Bulles : dans l’Oise (60), les malades attachaient aux arbres des rubans et des branches flexibles (hart) trempées dans la fontaine et lorsque ces liens tombaient détruits par l’action du temps ou de l’humidité, ceux qui les avaient placés étaient préservés à toujours de la fièvre (Graves 1856). L’Evêque de Beauvais Mgr de Saint Aignan condamna l’exercice de ce culte en 1716,1719 mais cela continua (croyances et cultes populaires en Picardie, Martelle Editions, p 21, Brochard (Yvan) et Leblond (Jean François)

     Pré d’Auge : dans le Calvados (14) : chêne St Méen couvert de linges (Le patrimoine des Communes du Calvados, édition Flohic, p 1065 de Jean Luc Flohic)

Fontaines à Loques :

    Vieux-Bourg : dans le Calvados (14), à la fontaine St Erme, pèlerinage pour les affections oculaires, les pèlerins accrochent un linge à la fontaine. (Le Calvados, les 605 communes, Ed Delattre, Grandvilliers, p 291 de Daniel et Emmanuel Delattre) (Le patrimoine des Communes du Calvados, Ed Flohic, p 1315, de Jean Luc Flohic)

     Longueil Sainte Marie : dans l’Oise (60), fontaine St Suplice, on y venait en janvier attacher branches et rubans à trois marroniers pour y lier la fièvre. (Croyances et cultes populaires en Picardie, Martelle Editions, p 21, Brohard (Yvan) et Leblond (Jean Luc)

     La Croupte : dans le Calvados (14), source à loques, affections de la peau, patron indéterminé. (Le patrimoine des communes du Calvados, edition Flohic, p 1227, de Jean Luc Flohic)

     La Teste de Buch : dans la Gironde (33), fontaine St Jean et le chêne, les jeunes mariés pour avoir de la chance accrochent des mouchoirs. (Le patrimoine des communes de la Gironde, Ed Flohic, p 1562, de Jean Luc Flohic)

Calvaires à loques :

     Caudescure : dans le Nord (59) près de Merville, calvaire à loques à l’entrée du village (Messiant, chapelles et chemins de Bailleul, p 141) (à Merville, forêt de Nieppe, Ed Flohic Nord, p 1262)

      Steene : dans le Nord (59), près de Bergues, calvaire avec aux grilles et aux branches des morceaux de vêtements noués (Ed Flohic Nord, p 282)

      Viry-Noureuil : dans l’Aisne (02), calvaire à loques (croyances et cultes populaires en Picardie, Martelle Editions, p 16, de Brohard (Yvan) et Leblond (Jean François)

       Villemoyenne : dans l’Aube (10), croix St Rock, on y lie la fièvre à la croix avec des rubans ou des charmilles. (Le département de l’Aube en cartes postales, librairie champenoise, p 764, de l’abbé Durand)

        Ouville la Rivière : dans la Seine Maritime (76), croix de Ste Apolline couverte de rubans (Gancel Saints Normands, p 11)

Dépôt de chaussures

        Bas Lieu : dans le Nord (59), près d’Avesnes-sur-Helpe, à la chapelle St Liénard, on invoque le Saint pour les enfants liés, ceux qui ne savent marcher ET on accroche aux grilles des chaussures. (Ed Flohic Nord, p 127) (dossier ARARCO, id Guirlinger, p 72)

        Gommegnies : dans le Nord (59), près de Quesnoy, dépôt de chaussures au calvaire de St Jean Tremblant dit « calvaire du chêne aux loups »

        Wignehies : dans le Nord (59), près d’Avesnes-sur-Helpe, on attache à la grille de la Chapelle St Jean des chaussons et des chaussettes, pour inciter les enfants à marcher. (Oratoires et niches de pierre bleue de l’Avesnois, du Cambrésis et de la Thiérache de l’Aisne, St Symphorien (belgique), p 256, de René Guirlinger et Jean Noël Marissal)

         La Chapelle Saint Sauveur : dans la Loire-Atlantique (44), sur la tombe de Nanon Breton morte en 1853, on dépose des chaussures pour que les enfants puissent marcher. (Le patrimoine des communes de l’Atlantique, Ed Flohic, p 1307, de Jean Luc Flohic) 

Chapelles à loques

    Selon Dezitter « par une autre pratique très usitée, on attache aux grilles des chapelles ou aux arbres des alentours, des jarretières, des cordons et même de simples fils auxquels on attribue le pouvoir de délivrer le pèlerin en fixant son mal sur la demeure du Saint. Cette coutume s’appelle vulguairement « het zeer afbinnen » (attacher le mal) et son origine est à rechercher dans la mythologie scandinave (Dezitter, chapelles rustiques en Flandre, p108)

      Berthen : dans le Nord (59), près du Mont des Cats, Bailleul, à la chapelle de la Passion, les pélerins nouent un mouchoir, un cordon ou un autre effet appartenant au malade à la grille pour lier le mal (Messiant, chapelles et chemins de Bailleur, p33) (photographies de la dévotion et de la grotte dans Chapelles n°46 juin 1994, p 8 et 9)

      Bugnicourt : dans le Nord (59), près de Douai,  à la chapelle du Dieu de Pitié, ne conserve pas de témoignages de loques pour faire tomber les fièvres.

      Armbouts-Cappel : dans le Nord (59), près de Bergues, chapelle Notre Dame du Sacré Coeur, les paysannes dont les enfants étaient fiévreux attachaient autrefois à la porte lacets et petites chaussures (Flohic Nord, p245)

      Ramillies : dans le Nord (59), près de Cambrai, chapelle Notre Dame du Bon Air, à l’époque où la peste sévissait, les habitants nouaient un ruban sur la porte de l’édifice. Après plusieurs mois, la guérison du malade était indiquée par la chute du tissu, chapelle fréquentée par les mariniers, ex-voto de bâteaux (Flohic Nord, p 411)

      Zermezeele : dans le Nord (59), près de Cassel, chapelle Notre Dame des Sept douleurs, les liens noués au fer forgé de la porte symbolisaient le don des souffrances et l’espoir d’en être soulagé par ce noeud (Flohic Nord, p 485)

      Locquignol : dans le Nord (59), près de Quesnoy, Maubeuge, Notre Dame de la Flaquette, à la chapelle dans la forêt de Mormal, pèlerinage contre les fièvres paludéennes. On y pendait des pièces de vêtement, coutume combattue et abandonnée (Flohic Nord p 1333) (dossier ARARCO)

      Hasnon : dans le Nord (59), Chapelle du Bon Dieu de Giblot, dans la forêt d’Hasnon (Flohic Nord, p 1436)

       Boeschepe : dans le Nord (59), près de Steenvoorde, Chapelle Notre Dame de toutes les Peurs « Maria Troost der Bernauwde », pour préserver les enfants de leurs craintes. Vêtements et objets leur appartenant sont accrochés à la porte (Flohic Nord, p 1543) (dossier ARARCO)

       Merckeghem : dans le Nord (59), près de Wormhout, Dunkerque, Notre Dame des Crampes « Onze lieve Vrouwer van Krampen » a la réputation de faire disparaître le mal si des morceaux de tissus lui sont attachés (Flohic Nord p 1763) (Chapelles n°18 décembre 1991, p 8)

       Ardres : dans le Pas-de-Calais (62), chapelle de Saint Quentin dit Milfort, à loques, on y dépose même des pièces ou des bagues (Chapelles n°61 septembre 1995, p 2)

       Noordpeene : dans le Nord (59), près de Cassel, Dunkerque, chapelle à Jésus Flagellé, on le priait en cas de fièvres et on laissait de son passage une loque nouée aux barreaux (Chapelles n°77, décembre 1996)

        Hoymille : dans le Nord (59) près de Bergues, Dunkerque, la chapelle Notre Dame de Bon Secours serait une chapelle à loques (Chapelles n°111 janvier 2000) (Dezitter, nombreux cordons à la grille)

        Hellemmes : dans le Nord (59), la chapelle Notre Dame de Bon Secours est une ancienne chapelle à loques (Chapelles n°111)

        Halluin : dans le Nord (59), chapelle Notre Dame des Fièvres : chapelle à loques, le déplacement et la reconstruction en 2000 n’a pas interrompu la tradition (Chapelles n°117)

         Wierre Effroy : dans le Pas-de-Calais (62), près de Boulogne sur Mer, chapelle Ste Godeleine (Chapelles n°120)

          Dunkerque (Petite Synthe) : dans le Nord (59), chapelle et calvaire du Kruysbellaert, chapelle à loques (Dunkerque Magazine décembre 1993)

          Watten : dans le Nord (59) près de St Omer, chapelle Notre Dame Consolatrice des Affligés, chapelle à loques dans le bois (Dossier ARARCO – Dezitter)

           Oudezeele : dans le Nord (59) près de Steenvoode, Dunkerque, cordons à la grille de la chapelle de l’Immaculée Conception

           Leffrinkhoucke : dans le Nord (59) près de Zuydcoote, Bray-Dunes, cordons et rubans aux grilles de la chapelle des fièvres dédiée à Onze Lieve Vrouw Ten Nood, ainsi que sur les buissons (Dezitter) mentionnée dans Bertrand , dévotions populaires, Hazebrouk, p 152

            Bierne : dans le Nord (59), près de Bergues, Dunkerque, chapelle Ste Apolline où de nombreux cordons sont attachés à la grille (Dezitter) (confirmé par le maire de Bierne)

            Loon : dans le Nord (59), près de Gravelines, dans la chapelle Notre Dame de Bon Secours, linges et rubans pendus (Dezitter)

             Teteghem : dans le Nord (59) près de Dunkerque, à Notre Dame de Lourdes, contre les fièvres, nombreux cordons attachés à la grille (Dezitter)

              Killem : dans le Nord (59), près de Hondschote, Dunkerque, chapelle Notre Dame des Fièvres, nombreux rubans attachés à la grille (Dezitter)

              Outtersteene : dans le Nord (59), près de Bailleul, chapelle à la Vierge, le peuple va y servir, et avant de s’en aller, le pèlerin mal éclairé accroche à l’oratoire des jarretières et autres ligatures afin que le malade soit guéri de la fièvree (Bertrand Hazebrouck, p 155)

             Spycher : dans le Nord (59), près de Bourbourg, Dunkerque, jadis à la grotte de Notre Dame de Lourdes, nombreux rubans et bandelettes (dossier ARARCO)

             Plessis Gattebled : dans l’Aube (10), à la chapelle Notre Dame des Bornes, on invoque la Vierge contre les fièvres. Le mal était retenu dans la chapelle par un petit ruban (Czmara Jean Claude) (Chapelles et pélerinages dans l’Aube, bar sur Aube, Némont, p81)

             Chaumont en Vexin : dans l’Oise (60) près de Beauvais, chapelle à loques pour lier les fièvres. (Brohard Yvan et Jean François Leblond, croyances et cultes populaires en Picardie, Martelle éditions, p 16)

             Longuemort, dans la Somme (80), près d’Abbeville, Moyenneville, Tours en Vimeu, chapelle à loques

             Wignehies : dans le Nord (59), près de Tréton, Avesnes/Helpe, Fourmies, à la chapelle St Jean, on attache à la grille des chaussons et des chaussettes en guise d’ex-votos, pélerinage pour apprendre aux enfants à marcher

             Lieuche : dans les Alpes Maritimes (06), à la chapelle St Macaire, pèlerinage contre les croûtes de lait des nourrissons. On déposait des vêtements appartenant aux enfants dans la niche et ils étaient brûlés une fois l’an le jour de la St Jean (Flohic, le patrimoine des communes des Alpes Maritimes, p971)

             Clermont Créans : dans la Sarthe (72), dans l’église St Symphorien, des vêtements sont accrochés à la porte de droite pour remercier le Saint contre le carreau (Flohic Jean Luc, le patrimoine des communes de la Sarthe, p 526)

             Bas Lieu : dans le Nord (59) près d’Avesnes/Helpe, à la chapelle St Léonard, on attache à la grille des chaussons et des chaussettes en guise d’ex-votos, pèlerinage pour apprendre aux enfants à marcher (René Guirlonger et Jean Noël Marissal, oratoires et niches de pierre bleue de l’Avesnois, du Cambrésis et de la Thiérache de l’Aisne, St Symphorien, Belgique, p 256)

             Fontenelle : dans l’Aisne (02), à la chapelle St Ursmer, même tradition qu’à Bas Lieu et Wignehies

Suis toujours à la recherche d’informations.  Merci de faire partager vos connaissances, photos, documents,etc… au plus grand nombre, c’est ce que j’appelle un travail de vulgarisation.

Vous êtes intéressé par les croyances, les cultes, je vous invite à mentionner dans le moteur de recherche de Google « culte païen, rite magique, étrange cérémonie » et vous aurez ainsi de très nombreux sites, blogs sur ces thèmes

Lieux où vous trouverez des arbres, des chapelles, des fontaines, des calvaires à loques

Hasnon ( dans le Nord): arbre à loques et une chapelle.(Autoroute Lille-Valenciennes, sortie N°4, sur la gauche de la route direction Wallers). La Chapelle du « Bon Dieu Giblot »  (forêt d’Hasnon) est dédiée au Christ flagellé. A côté, l’arbre à loques est surtout invoqué pour la guérison des blessures et autres affections, mais aussi à toute autre intention. La Chapelle actuelle a été inaugurée le 14 septembre 1952. En février 1980, en raison de la future autoroute Lille-Valenciennes, la chapelle dut quitter son site. Je remercie sincèrement Mme Vasseur de nous avoir reçu au Presbytère d’Hasnon pour nous remettre de la documentation sur l’arbre et à la chapelle

Bailleul ( dans le Nord): on y trouve  un arbre à loques « Le Tilleul des Malades », au lieu dit « Ziekelinde » . Quand vous êtes à Bailleul, vous prenez la D23 (Ypres, Poperinge, Le Mont Noir, EPSM des Flandres, Collège M.Deyts). Après l’hopital EPSM, première route à droite, panneau Pépinière Haendries (petite route sous le nom de Krommestraete). Entre 300 et 500m, vous arrivez sur le tilleul (juste à côté, une bouche d’incendie de secours de couleur rouge). Je vous recommande le bel ouvrage de Jacques Messiant « Chemins et Chapelles autour des Monts de Flandre » Ouvrage édité par l’Office de Tourisme des Monts de Flandre à Bailleul. Pages 28 et 29, cet auteur décrit l’arbre à loques.  http://perso.numericable.fr/vmessian/index.html D’après une dame de 75ans, habitant très près de l’arbre, les personnes viennent prier Saint Antoine de Padoue

Niche ou Potale contenant une statuette protectrice http://fr.wikipedia.org/wiki/Potale

A Outtersteene (dans le Nord, près de Bailleul), Chemin des Trois Tilleuls (C 26) se trouve la Chapelle à Loques St Gangoen, très près de la ferme Behague. Sa présence était déjà signalée au XVIIè siècle. On raconte qu’un jour, une femme s’achemine vers la chapelle de St Gangoen portant dans les bras une petite fille privée de l’usage de ses jambes. Après sa promenade autour de l’oratoire, la femme s’écria avec désespoir « St Gangoen, vous devez par Dieu faire cela ». Au bout d’un quart d’heure, l’enfant se prit à remuer et se traina vers sa mère. La chapelle fut anéantie en 1918 et reconstruite en 1922. Les mamans continuent d’implorer St Gangoen de donner à leurs bambins un bon départ dans la vie. Elles déposent toujours près  de l’autel ou à la porte leurs chaussons ou leurs petites chaussures.

Les jeunes filles en quête d’époux effectuent de discrets pélerinages. St Gangoen serait aussi le consolateur des maris trompés.

Merci de l’excellent accueil de Mme Behague. Pour visiter la chapelle,  demandez la clé à cette dame

A La Croupte (Calvados, 14), source miraculeuse avec des loques près de l’église St Martin. « Elle est réputée pour soigner les maladies de peau et de vue. La tradition lui confère aussi des vertus miraculeuses pour guérir les enfants rachitiques. Il suffisait d’accrocher le vêtement de l’enfant et de mettre un cierge et prier St Martin, quoique le véritable saint patron soit oublié depuis des lustres puisque des pèlerins invoquent indifféremment Saint Martin, Saint-Fiacre ou Saint-Laurent selon le mal dont on souffre. » Extrait de Balades historiques en Pays de Livarot. Un grand merci à Monsieur  Serge RICHER pour la communication de ces informations et des photos

A Clerey (Belfonds) dans l’Orne (61), fontaine à loques St Latuin, près de Séez. « St Latuin, évêque de Sées, un envoyé du pape Boniface 1er, était réputé guérir les sourds et les aveugles et apporter la lumière aux populations plongées dans les ténèbres du paganisme : « les tristes ombres de la mort t’enveloppaient : il veut dissiper tes ténèbres et faire luire à tes yeux une lumière nouvelle, la lumière radieuse du véritable soleil ». « Les malades allaient prier St Latuin devant l’une de ses statues avant d’aller se laver à la fontaine. A la fin du XIXè siècle et au début du XXè, le clergé se rendait en pélerinage dans cette église plusieurs fois dans l’année » « On a prêté aux pouvoirs de Saint Latuin et aux vertus de sa fontaine un champ d’action toujours plus étendu : « la commune de Belfonds doit son nom aux nombreuses sources qui surgissent de son sol. La source de Cléray, proche du célèbre manoir, possédait des eaux ferrugineuses qui passaient pour soigner les fièvres, la gale et les maux d’yeux ». Outre la  galle ou gratelle, on vient soigner d’autres maladies cutanées (Maurey d’Orville) telle l’eczéma (guide de la cathédrale), et la liste n’est pas limitative. Par le secours de St Latuin, vous éloignerez toutes les maladies dangereuses, les fièvres malignes, la peste et tous les fléaux » (Propre d’Anet) « Au pied de la statue du Saint Latuin, une eau limpide mais légèrement teintée s’écoule dans un petit bassin en pierre. Des linges ou lambeaux d’étoffe ont été accrochés au sommet de la grille, sur tout le pourtour. On les appelle des « loques », et on en trouve souvent près des sources miraculeuses, généralement accrochés à des arbres, les « arbres à loques »…quand arbres il y a. »Informations et photos communiquées par M. Serge RICHER. Merci.  http://archeo125.org/visites/pageimageSE1.php  Paganisme : nom donné par les chrétiens des premiers siècles au polythéisme auquel les populations paysannes de l’Empire romain restèrent longtemps fidèles.   Polythéisme : qui admet l’existence de plusieurs dieux.

Chapelle Notre Dame de la Flaquette (dans le Nord) : il y aurait un arbre à loques. Information à vérifier  http://old.cathocambrai.com/page_ln-44015-route-mariale.html  et http://www.lille-aux-formations.com/mardi-16-octobre-vallee-de-la-sambre-le-quesnoy

La Collégiale, basilique et ancienne Cathédrale Notre Dame de St Omer (62), sur le tombeau St Erkembode, des chaussures d’enfants y sont déposés pour qu’ils marchent http://www.convivialiteenflandre.org/sorties/sorties-05-06/j_saint_omer/cathedrale.php et http://fr.wikipedia.org/wiki/Erkembode et http://cathedrale-saint-omer.org/?/architecture/description2

Ouville-la-Rivière (76) : de petits rubans contre les maux de dents http://www.infos-dieppoises.fr/Archives2006/SaintsGuerisseurs.htm

Croix/Source miraculeuse à loques de Notre Dame d’Espinasse à Aubusson d’Auvergne (63)http://www.capella1.com/sources/selection/ntdamespinasse.jpg  ou http://aubusson631.canalblog.com/archives/2007/09/20/6270675.html

Sénarpont (Somme, 80)  http://www.tao-yin.com/edito/arbres_saint_gleude.htm

Sur ce site, vous trouverez un arbre à loques à Sénarpont dans la Somme (80) et une chapelle à loques à Longuemort  près de Grebault-Mesnil et d’Abbeville, toujours dans la Somme (80)

Sanghen (Pas-de-Calais, 62) : La grotte St Martin dite « fontaine à loques » avec quelques tissus pendus. L’eau de cette fontaine passe pour avoir des vertus miraculeuses favorisant la marche des jeunes enfants

Arbre à loques à St Martin de Connée, dans la Mayenne (53) près de Laval au sanctuaire de Notre Dame du Chêne. http://www.tao-yin.com/edito/arbres_saint_gleude.htm

Coutiches (59) : à la chapelle Notre Dame des Fièvres, des vêtements portés par les malades y sont déposés http://ste-marie.cathocambrai.com/197.htm

Site : http://www.medieval-moyen-age.net/article-6472125.html

Vous y trouverez un article de Philippe le Templier dans un Peu d’histoire, « Tradition du Moyen Age : l’arbre à loques »

      

Merci  à l’Office de Tourisme de Cassel (Mme Valérie Guiffray) qui m’indique que Monsieur Jacques Messian a écrit un ouvrage sur les Chapelles de Flandre. Circuits de Cassel et les environs, se rendre sur le site : http://www.cassel-horizons.com. Merci aussi à l’office de tourisme des Monts de Flandre, situé à Bailleul : http://www.montsdeflandre.fr

Site : http://www.les-oratoires.asso.fr

ce site se consacre à la connaissance et à la sauvegarde des oratoires de nos pays de France et de la communauté européenne

Site : http://www.weyrich-edition.be

Cette maison d’édition invite à partager une émotion,  savourer une passion. Je vous invite à visiter ce site particulièrement intéressant.

On trouve chez cet éditeur un ouvrage « les derniers arbres fétiches de Wallonie » de Benoît Loodts http://www.weyrich-edition.be/fr/catalogue/detail.php?L_ID=33

Claude ARZ, dans son ouvrage « Hauts lieux,croyances et légendes de la France mystérieuse » parle des arbres à loques http://www.maison-hantee.com/files/arz/itw_claudearz.htm

Site : http://www.fondationdepevele.com

Fondation de Pévèle (découvrir l’histoire, promouvoir la culture, favoriser le tourisme, protéger les sites et les monuments). Elle édite aussi une revue « Pévèle »

Calvaire à Maisnières (80) : de petites croix sont accrochées au dos du calvaire http://picardie.genfrance.org/viewtopic.php?id=724 

Arbres à loques en Grande Bretagne et en Irlande (informations communiquées par M Paul Trenchard

http://www.ulsterplacenames.org/legends_of_church_sites.htm

http://www.geocities.com/Athens/Troy/7080/doonwell.html

http://macdonnellofleinster.org/page_7g__the_druids.htm

http://www.geniusloci.co.uk/holywell.htm

http://www.irishcultureandcustoms.com/ALandmks/HolyWells.html

Les arbres à loques, une croyance populaire

C’est une croyance populaire où il est accroché sur l’arbre des vêtements, des béquilles. L’arbre est censé recevoir le mal, les puissances maléfiques.Les loques sont des pièces de vêtement d’une personne malade que l’on cloue sur l’arbre en vue d’une guérison. On trouve aussi des loques accrochées à des grilles de chapelles, à des calvaires, près de fontaines également.

Le culte des arbres est très ancien. Jadis, il y avait des forêts sacrées, les arbres furent souvent christianisés par une bénédiction ou l’installation d’une image pieuse. Les arbres ont aussi été crus capables d’aider les hommes à régler leurs problèmes, notamment de santé du fait de leur longévité. De nombreuses coutumes existent : mordre l’écorce, faire le tour de l’arbre, nouer des branches, enfoncer des clous pour clouer le mal, nouer des linges ou des tissus pour nouer le mal. (L’importance de l’arbre dans les cultes, Chapelles n°29, décembre 1992, p 4 à 7, Bruno de Foucault)

Appelés « arbres à poux », ces arbres sont très vieux ou très grands. Isolés dans la campagne ou près d’une source, souvent un tilleul, un orme ou un frêne. Ils abritent à hauteur d’hommes une petite niche en planche avec toit triangulaire, clouée sur l’arbre et grillagée, abritant une statuette de la Vierge. On y venait pour obtenir une guérison ou remercier d’une grâce. Au pourtour ou aux branches, des chapelets, des béquilles, bandes de tissus ou médailles. (Le folklore du Cambrésis, coutumes et traditions populaires, Amiens, musée de Picardie, p 101, de Géry Herbert)

L’étude des arbres à clous, des arbres à loques, des chapelles, des calvaires souffre d’un certain dénigrement de la part des chercheurs en sciences sociales. Ils constituent un objet d’étude marginal par rapport aux pratiques des guérisseurs et de la sorcellerie.

Les arbres à clous ainsi que les guérisseurs d’hier et d’aujourd’hui ont fait l’objet d’un travail de terrain à l’Université de Liège  http://www.ulg.ac.be  et aussi  http://www.ulg.ac.be/le15jour/125/S05.html L’ouvrage en question peut être commandé à l’adresse suivante : http://www.bastogne.be/piconrue/   au musée en Piconrue (art religieux et croyances populaires en Ardenne et Luxembourg)

Une étude récente traitant des arbres à clous a fait l’objet d’une publication dans le bulletin « Enquêtes du Musée de la Vie wallonne » Cour des Mineurs  4000 Liège. Il s’agit d’un article « les arbres à clous de Wallonie : quelques remarques concernant une pratique apparemment archaïque  » écrit par Olivier Schmitz, spécialiste en antropologie culturelle de l’Université de Louvain-la-Neuve, paru en 2005 (Tome XX, fascicules 241 à 244)  http://www.liege.be/visitelg/musees/noncommu/viewallo.htm                                             

Ci-après, quelques informations sur Olivier Schmitz 

http://centres.fusl.ac.be/ces/document/WEBCES/MEMBRES_Index/SCHMITZOlivier.html

La pratique mais aussi la communication,la connaissance de cet ancien culte se perdent et force est de constater les difficultés que je rencontre pour obtenir des infos, des photos, des explications de tel arbre ou telle chapelle, etc… sur telle ou telle commune. La question posée n’est pas d’y croire ou pas mais  bien celle de respecter le culte, la croyance et de la faire connaître et si possible de la faire vivre. Le culte de l’arbre à loques aurait son origine païen (adepte des cultes polythéistes de l’Antiquité) par opposition à chrétien. Polytéisme : religion qui admet l’existence de plusieurs dieux.

« L’Eglise a christianisé les arbres, objets de cultes « païens », faute d’avoir pu faire disparaître le culte ancien qui s’y rattachait » page 12, « croyance et cultes populaires en Picardie » Yvan Brohard et Jean François Leblond. Toujours à la page12 du même ouvrage, il est écrit  » le culte des démons »"empêchez le culte des arbres et des idoles, de même que les sacrifices d’animaux. N’est-il pas affreux d’entendre dire que plusieurs chrétiens vont aux églises sans renoncer au culte des démons : c’est cependant ce qu’on nous a rapporté. Cette conduite déplaît à notre Dieu qui veut qu’on soit entièrment à lui : ne permettez pas que ces abominables coutumes subsistent longtemps parmi vos sujets : ayez soin de les réprimer dans la crainte que le sacrement du saint baptême, loin d’opérer le salut, ne contribue à leur attirer des châtiments éternels » Lettre du pape Saint Grégoire à la reine Brunehault, en 598. Il faut savoir que l’église s’éleva dans les pratiques des croyances et cultes anciens. Toujours à propos de la trace des anciens cultes, il est écrit, toujours dans le  même ouvrage référencé ci-dessus, page 7  « le second concile de Tours en 567, rapporte Dom Grenier, commande aux prêtres de « chasser de l’église quiconque ira porter ses voeux aux pierres, aux arbres et aux fontaines ». Charlemagne reprendra la même interdiction dans dieux capitulaires ».

Au début du Moyen Age, à partir du 7e siècle, une vague de prédicateurs apparaît. « Les saints offrent le modèle d’une vie exemplaire, ils accomplissent des miracles de leur vivant, d’autres s’opèrent autour de leurs reliques. Rien d’étonnant à ce qu’on les invoque très vite dans un rôle de protection. Les individus, les corporations de métiers, les villes, des régions entières même vont ainsi se réclamer d’un saint, parfois de plusieurs qu’ils vénéreront pendant des siècles. Protection, mais aussi guérison : les « saints guérisseurs » se multiplient, spécialisés le plus souvent, mais quelquefois universels surtout lorsqu’il s’agit d’endiguer les grands fléaux, les « pestes », c’est le cas de saint Roch ou de saint Sébastien. Protéger les personnes et les biens, guérir hommes ou animaux, c’est le rôle dévolu aux saints mais aussi à Marie. Combien de découvertes en Picardie de vierges miraculeuses ! Notre-Dame de Brébières, de Mont-filières, de Nampty… » informations extraites de l’ouvrage « croyances et cultes populaires en Picardie » de Yvan Brouhard et Jean François Leblond, pages 5 et 6.

Quand le christianisme se répandit en Gaule, les prédicateurs de la nouvelle religion s’efforcèrent de christianiser les pratiques paiennes qu’ils ne pouvaient supprimer. C’est ainsi qu’une statue du christ flagellé venant de Gembloux fut sans doute mise à la place d’un arbre sacré.

Cette étrange habitude de suspendre des chiffons, de vieilles défroques aux arbres remonte à la plus haute antiquité. Il semblerait que les arbres à loques remplissaient un rôle, de visible aussi loin que possible, pour marquer des jalons, un territoire, sauvegarder des limites dans l’antiquité romaine.

Le magazine « Sciences et Avenir » d’Aout 2007, a traité d’un dossier intitulé : « La France des mystères et croyances »  (Grottes païennes, pierres à sacrifices, châteaux alchimiques, arbres sacrés : des dizaines de lieux décryptés par les scientifiques). Dossier réalisé par Bernadette Arnaud, Oliver Hertel, Dominique Leglu et Rachel Mulot, Pages 40 à 61.

Quelques extraits de l’article de Bernadette Arnaud, magazine « Sciences et Avenir » Aout 2007  « dans le secret des cultes populaires « : « souvent disqualifiés par les élites, ces cultes populaires sont relégués alors qu’ils nous entourent au quoitidien » confie Giordana Cheruty, directrice du Laboratoire d’ethnologie religieuse de l’Europe, à l’Ecole pratique des hautes études à Paris. « Nous refusons tout simplement de les voir, et la crainte du ridicule fait le reste ». Page 42,43, Sciences et Avenir Aout 2007

« Pour tenter de mettre fin à ces croyances et superstitions « païennes », l’Eglise trouvera une parade. Le canon 23 du concile d’Arles (452) est clair : « s’il se trouve que, sur le territoire d’un évêque, des gens infidèles à leur foi allument des petites torches ou vénèrent des arbres, des fontaines ou des pierres, et que l’évêque néglige d’extirper cette superstition, que celui-ci sache qu’il est coupable de sacrilèges… » Page 43, Sciences et Avenir Aout 2007

« Dans l’Antiquité, Jules César n’évoquait-il pas déjà les étranges cérémonies qui se déroulaient dans les profondes forêts des Gaules, telle l’assemblée annuelle des druides dans le bois des Carnutes ? Dès le commencement de l’ère chrétienne, de nombreux cultes sont attestés. Certains sont dédiés aux arbres, d’autres à l’eau ou bien encore au feu, comme le rappellent les historiens James Eveillard et Patrick Huchet » Page 43, Sciences et Avenir, Aout 2007

Quelques extraits de l’article d’Oliver Hertel, magazine Sciences et Avenir, Aout 2007 « Sacrés arbres » : « L’arbre est l’objet idéal d’un tel culte. Avec ses racines qui plongent dans la terre et ses branches projetées dans le ciel, il représente le lien entre les hommes et les dieux. Un canal de communication privilégié qui, du coup, voit passer une kyrielle de messages aux contenus pour le moins variés : bonheur, chance, argent, fécondité, sané, etc… Mais le thème qui domine largement est celui de la santé » Page 50, Sciences et Avenir, Aout 2007

« Les religions ne sont pas les seules à supporter cette cohabitation forcée entre superstition et culte officiel. La médecine conventionnelle doit depuis longtemps composer, elle aussi, avec ces arbres « thérapeutes ». « Dans le passé, notamment dans les campagnes bretonnes, les malades allaient faire une offrande à l’arbre avant de rendre visite au médecin. Aujourd’hui, la pratique se perpétue, même si l’ordre s’est inversé avec les progrès de la médecine. Le médecin en premier, puis l’arbre quand il n’y a plus d’espoir ! » raconte James Eveillard. Page 50, Sciences et Avenir, Aout 2007

Culte : hommage rendu à Dieu, à une divinité, à un saint. Cérémonie, pratique par laquelle on rend cet hommage.

Croyance : Fait de croire à la vérité ou à l’existence de quelque chose.

Dévotion : Accomplir ses devoirs religieux

D’après Olivier Schmitz(auteur d’une étude : les arbres à clous de Wallonie : quelques remarques concernant une pratique apparemment archaïque), le recours aux arbres guérisseurs de wallonie a toujours été le fait de pratiques individuelles ou en petits groupes, ce qui va à l’encontre de la définition même du culte, comme pratique collective (page 422, Enquêtes du musée de la vie wallonne,Tome XX, numéros 241-244).

Toujours d’après Olivier Schmitz, les observations effectuées auprès de tels arbres ont plutôt montré que les actes dont ils faisaient l’objet étaient très diversifiés et ne reposaient pas forcément sur l’idée d’une transmission de la maladie à l’arbre (page 421,bulletin Enquêtes du musée de la vie wallonne, Tome XX, numéros 241-244) Une attention toute particulière portée aux objets cloués sur le tronc de ces arbres nous apprend qu’on leur rend visite pour de toutes autres raisons que des problèmes de santé. En effet, on y trouve également des bulletins de lotto, des chapelets, etc… Lors de notre dernière visite au chêne de Herchies, nous y avons recopié une lettre, adressée à l’arbre, exprimant une demande de protection d’une future mère contre tout le travail occulte qui pourrait l’atteindre, elle et son enfant. La lettre était accompagnée du cliché d’une échographie de l’enfant à venir. De pareils documents sont évidemment fort intéressants pour comprendre l’attitude psychologique de ceux qui s’adressent à l’arbre et montrent bien que les pratiques qui s’accomplissent sur ces arbres ne se limitent pas à des actes de transfert de maux et de maladies (page429 à 431, bulletin Enquêtes du musée de la vie wallonne, Tome XX, numéros 241-244)

Continuité et évolution du recours thérapeutique aux arbres, Olivier Schmitz, écrit : « le recours thérapeutique aux arbres s’inscrit dans cet ensemble hétéroclite de pratiques auxquelles adhèrent néammoins de nombreuses personnes de manière complémentaire ou additive à la biomédecine, selon des formes de combinaison très diversifiées et souvent étonnantes. On a ainsi pu voir clouées sur le tronc de plusieurs arbres à clous des boîtes de médicaments, ce qui semblerait indiquer qu’ils sont parfois visités pour favoriser le bon fonctionnement d’un traitement médicamenteux. Mais on peut également inclure dans cet ensemble de pratiques le recours aux sources et aux fontaines, les invocations aux saints guérisseurs et la fréquentation des diverses catégories de guérisseurs. Toutes ces pratiques, qui se sont adaptées à la modernité et qui ont survécu aux tranformations profondes du monde rural dont elles sont issues en grande partie, véhiculent des conceptions de la santé et de la maladie comme étant soumises à des influences invisibles et ambivalentes qui agissent directement sur le corps humain et en déterminent le bon fonctionnement » (page 425, bulletin Enquêtes du musée de la vie wallonne, Tome XX, numéros 241-244)

Quant aux facteurs qui pourraient expliquer l’abandon de certains arbres, Olivier Schmitz, indique qu’il faut certainement prendre en compte l’évolution de la mobilité des habitants des zones rurales et la délocalisation des pratiques qu’elle entraîne. Aujourd’hui, force est de constater que les aînés n’occupent plus la place qu’ils avaient autrefois dans les sociétés paysannes. Ainsi, l’augmentation de la mobilité des personnes âgées vers les zones urbanisées a certainement joué un rôle important dans l’abandon de certaines pratiques de soins qui se transmettaient généralement de parents à enfants. C’est donc l’entièreté du cadre familial de la transmission de ces savoirs thérapeutiques qui s’est modifié, ce qui s’illustre dans de nombreux domaines, par exemple, par le fait que ce ne sont plus les grands-parents qui ont la charge des jeunes enfants lorsque leurs parents travaillent en journée, mais des personnes extérieures à la famille. (Page 426, bulletin enquêtes du musée de la vie wallonne, Tome XX, numéros 241-244)

Toujours d’après Olivier Schmitz :« Mais l’évolution de la structure familiale n’est pas la seule transformation qui a touché les populations rurales au cours des dernières décennies. En effet, sous la pression de divers facteurs socio-économiques, les conditions de production et d’existence ont fortement évolué, de sorte qu’on ne peut plus appréhender la campagne wallonne comme une communauté domestique organisée autour de la production agricole. Cette transformation a certainement eu des conséquences importantes sur les croyances et les coutumes traditionnelles dans le sens où leur cadre social de référence s’est radicalement transformé. En même temps, la sédentarité qui caractérisait la population rurale d’autrefois n’est plus vraiment de mise aujourd’hui et les villages wallons ont été progressivement investis par des individus provenant d’autres régions, ce qui a eu également une influence sur les réseaux d’interconnaissance au sein desquels circulaient ces remèdes » (Page 427, Bulletin des Enquêtes du Musée de la Vie Wallonne, Tome XX, numéros 241-244)

Arbres, chapelles à loques, arbres à godailles, arbres à étoffes, chiffons, papiers votifs, forum de discussion

L’arbre à loques d’Hasnon dans le Nord (59) photo du forum artsdivinatoires.com forum paranormal http://www.artsdivinatoires.com/

Arbres, chapelles à loques, arbres à godailles, arbres à étoffes, chiffons, papiers votifs, forum de discussion dans Croyances populaires 34710

Chapelle (à loques) de la Passion (Berthen, Mont-des-Cats)

http://www.fondation-patrimoine.com/fr/delegations-projet.php4?id=272&PHPSESSID=8a28a5d97fc541183174478caf1c6d6c  Aujourd’hui encore, le chemin de croix du Vendredi Saint attire de nombreux fidèles. Un rite populaire, toujours d’actualité, consiste à accrocher à la grille un morceau de tissu dans l’espoir d’une guérison prochaine

 Chapelle de la Passion à BerthenDes loques à la chapelle de la PassionChapelle à loques à BerthenChapelle de la Passion à BerthenChapelle de la Passion à Berthen

La grille de la mise au tombeau, à l’arrière de la chapelle est garnie de mouchoirs, cordons ou autre effet appartenant au malade pour lier le mal

Arbres à godailles au Canada

http://www2.nethop.net/~sandness/Shoe.htm

http://www.roadsideamerica.com/set/shoetrees.html

http://www.roadtripamerica.com/roadside/Awenda-Camp-Shoe-Tree.htm

Etoffes, papiers votifs, chiffons, etc… dans les pays Musulmans, en Afrique, au Tibet

Si vous en avez la possibilité, procurez-vous l’ouvrage de A. De. Mortillet « Voeux à des arbres, à des buissons, étoffes et papiers votifs ». Si cela vous intéresse, je peux vous envoyer 7 pages qui m’ont été transmises par une internaute qui se reconnaîtra et que je remercie très sincèrement.

Forums de discussion

forum « Picardie » où en outre un thème est consacré aux traditions populaires http://picardie.genfrance.org/viewforum.php?id=44

forum ésotérique http://www.larcenciel-forum.com/index.php

forum Heresie.com : http://heresie.forumactif.com/index.htm

7 juin

Diverses infos, divers liens sur le thème des arbres

Des infos sur les arbres 

les arbres remarquables http://fr.wikipedia.org/wiki/Arbres_remarquables

 les arbres et les rapports que les hommes ont avec eux http://troismondes.canalblog.com/archives/2006/09/14/index.html

l’arbre de mai http://fr.wikipedia.org/wiki/Arbre_de_mai

l’arbre à maux (forum Heresie.com)  http://heresie.forumactif.com/Actualite-Insolite-f6/L-arbre-a-maux-t357.htm#5244

arbre à loques en Afrique http://noofi.fr/africabitat/lestsonga.htm ou http://blog.le-vieux-templier.eu/

 » l’arbre guérisseur » de Marie Emilia Vannier http://www.centrecoeur.com/mevannier.htm et http://www.centrecoeur.com/mariemilia111206.htm  ou bien encore http://www.arbreguerisseur.com/

« les arbres dans les traditions populaires » de Paul Sébillot http://www.arbredor.com/titres/arbres.html

Un joli site sur les arbres remarquables http://www.horizonfeatures.com/main.php?g2_itemId=4320

La magie des arbres http://membres.lycos.fr/payper007/

Site : http://www.druides.org/ODETnew/300.htm

Le culte des arbres de l’Ordre Druidique des Enfants de la Terre

Le culte des arbres : reportage France 3 Alsace  http://www.france3-alsace.fr/page.php?Reg=3&Emi=8&Num=2

Les rubans et le culte des arbres (la survivance du Druidisme)  http://druuidiacto.forumculture.net/Le-Druidisme-c2/Histoire-Archeologie-f6/La-Survivance-du-Druidisme-t150.htm 

Haguenau (gros chêne) http://www.jedecouvrelafrance.com/f-3234.bas-rhin-haguenau-gros-chene.html  ou  http://db.dbsphere.neuf.fr/haguenau2.htm  ou http://www.ville-haguenau.fr/fr/decouvrir-haguenau/patrimoine/la-foret/les-essences/index.html

Suite arbres à clous

Avec l’aimable autorisation de Jean Luc Dubart, chroniqueur à la Radio Télévision Belge (VivaCité), je vous communique son travail de « vulgarisation » qu’il fait sur les antennes belges: http://www.dubart.fr.st

« Nous avons plusieurs exemples d’arbres à clous, d’arbres à loques dans nos régions. Les deux plus connus sont certainement : Herchies, ou plutôt : Herbaut et Stambruges. Vous avez également, plus nombreuses alors, des chapelles à loques, c’est-à-dire des chapelles sur les grilles desquelles pendent ce que l’on appelle en patois picard des « berlouffes ».

A Herchies : se dressent, côte à côte, un chêne et une chapelle dédiée à Saint Antoine de Padoue. En fait, il y a confusion, comme souvent d’ailleurs, entre Saint Antoine de Padoue et Saint Antoine l’Ermite…Dans le chêne sont enfoncés des clous fixant des linges ayant touché les furoncles des implorants. Vous voyez le lien entre clou, d’une part, le métal, et le clou, c’est-à-dire le furoncle. Et Saint Antoine l’Ermite est précisément vénéré pour les furoncles.

A Strambruges : il ne n’agit pas d’un chêne mais d’un robinier faux-acacia. Ce robinier a quelque 150 ans, il mesure 18 mètres et a une circonférence de 2m33. Cet arbre protège une petite chapelle abritant une statue de la Vierge, Notre-Dame de l’Arconpuch, Erconpuch, en patois picard. On pourrait parler de « l’arbre au puits ». Puch, en patois, désignant précisément le puits.

Stambruges et Herchies, sont des exemples typiques de la conjugaison de rites païen (l’arbre) et chrétien (le culte des saints ou le culte marial, le culte lié à la Vierge Marie). Il faut avouer que c’est souvent la nuit que des personnes se présentent pour invoquer la Vierge contre la rougeole, la coqueluche, les maladies infantiles, le retard dans l’apprentissage de la marche. Mais  sur l’arbre alors pendent des linges, des morceaux d’étoffe qui ont touché la personne malade.

Et la conjugaison  des rites païen et chrétien est tout à fait explicite dans le rite suivant : les maux de dents peuvent être guéris si l’on fait trois fois le tour de la chapelle dans le bon sens en récitant un chapelet (rite chrétien) mais auparavant il aura fallu frotter un clou sur la dent douloureuse et le planter dans l’écorce (rite tout à fait païen et magique, faut-il le dire ?)

Comment  expliquer la fonction des arbres à loques, des arbres à clous ? Freud a donné une autre dimension au transfert. Mais la démarche, me semble-t-il, est tout à fait psychanalytique. Je m’explique. L’arbre est censé recevoir le mal, les puissances maléfiques, les puissances diaboliques. L’arbre, c’est bien sûr le lien entre le terrestre (les racines) et le céleste (les cimiers). Les racines vont transmettre le mal aux puissances telluriques, c’est le retour à la terre, je dirai presque à la Terre-Mère, à Déméter en quelque sorte…

L’arbre d’Ostiches : qui est un hameau au nord de la ville d’Ath, est campé sur le côté de la route : il est difficile de ne pas le remarquer. C’est un arbre à loques, à chiffons comme l’on dit parfois…

Le tilleul, enfin, de Han-sur-Lesse est le plus didactique avec son panneau qui explicite bien les tenants et les aboutissants de la croyance… » Encore merci à Jean Luc Dubart

Les arbres à clous

 Les arbres à clous

quelques arbres à clous http://clochersdewallonie.site.voila.fr/arbreaclous.htm

Le robinier de l’Ercompuch (en Belgique) http://www.larcenciel-forum.com/site/spip.php?article118

Stambruges (Belgique) http://fr.wikipedia.org/wiki/stambruges

Vous trouverez une photo et brève information sur l’arbre de Notre-Dame au Puits  http://www.fugitif.net/im/2554/index.php

Blog : http://enseignementsecondaire.catho.be/files/s13/word/JLdub-arbres-%C3%A0-loques.doc

établissement scolaire qui a étudié brièvement les arbres à loques en Belgique  

Arbre à clous à Fouron-le-Comte (en Belgique)  http://fourons.skynetblogs.be/post/4494908/quy-atil-de-commun-entre-xhoris-anthisnes-oln#comments  

Arbres à loques à Viroflay (Yvelines) http://www.onf.fr/foret/flore/arbremark/virofla.htm  L’ONF m’a confirmé l’existence du chêne de la Vierge. Il appartient à l’Office des forêts et il est situé à l’angle de la route du Pavé de Meudon et de la rue du Chêne de la Vierge sur la rive gauche de Viroflay

Une exposition et ouvrage « les guérisseurs d’hier et d’aujourd’hui »  http://www.ulg.ac.be/le15jour/125/S05.html

Arbre à loques à Han-sur-Lesse en Belgique : joindre Tournai par la A27/E42 puis Mons puis Namur par la E42, ensuite le Val de Lesse par la E411, prendre la sortie N°23

Arbres à loques à Ostiches  (merci à Monsieur Grégory Dumont) et à Stambruges qui se situent dans la province Hainaut en Belgique. Stambruges est à 22 kms à l’Ouest de Mons

Depuis Lille, pour se rendre à Herchies, Stambruges, Ostiches, prendre A27/E42 (Bruxelles, Gand, Valenciennes, Tournai)  puis A8/E42 (Liège, Bruxelles, Tournai)

    ensuite pour Herchies: sortie N°26 (N 554, Dour, Tertre, Pommeroeul)

            pour Stambruges : sortie N°27 (Stambruges, Bermissart)

            pour Ostiches : sortie N°30 (N58, Ath, puis N56, Papignies, Isières)

Bonnoeuvre (44), près du Champ Maurin, se trouve un arbre à clous. Le chêne à clous aurait les vertus curatives de ses ancêtres, en particulier celle de chasser les furoncles. Il suffit de planter un clou à chaussures après avoir fait 7 fois le tour de l’arbre. http://aupieddemonarbre.free.fr/arbreremarq/sortilege.htm

Sur le chêne de Bonnoeuvre (Loire-Atlantique), les loques sont remplacées par des clous que les pèlerins plantent dans le tronc aprèsarbresacre en avoir fait sept fois le tour. «Le clou qui a touché la partie malade d’une personne est planté dans le tronc pour lui transférer le mal», explique James Eveillard, coauteur d’un ouvrage sur les croyances populaires en France. Ce clou est un symbole, assez révélateur du mélange des croyances dans les rites populaires, car il fait probablement référence aux clous du Christ sur la Croix.

Les religions ne sont pas les seules à supporter cette cohabitation forcée entre superstition et culte officiel. La médecine conventionnelle doit depuis longtemps composer, elle aussi, avec ces arbres «thérapeutes». «Dans le passé, notamment dans les campagnes bretonnes, les malades allaient faire une offrande à l’arbre avant de rendre visite au médecin. Aujourd’hui, la pratique se perpétue, même si l’ordre s’est inversé avec les progrès de la médecine. Le médecin en premier, puis l’arbre quand il n’y a plus d’espoir!» raconte James Eveillard.
Heureusement, l’arbre peut aussi être associé à des coutumes plus pittoresques. Le magnifique tilleul aux épousailles de Lucheux (Somme) voit régulièrement passer la course des jeunes époux dans son large tronc fendu. Et pour cause: «la tradition veut que le premier à traverser le troue portera la culotte dans le couple», explique Edith Montelle, vice-présidente de la Société de mythologie française. Et à Aix-en-Provence, le culte de l’olivier de la Touesse pourrait surprendre le touriste vertueux peu au fait du sens des pratiques locales. Sur cet arbre magique, les femmes viennent se frotter le derrière… dans l’espoir de trouver un mari ! 

Source miraculeuse Notre Dame d’Espinasse à Aubusson

Fontaine à loques Notre Dame d’Espinasse à Aubusson d’Auvergne (63)

Je remercie très sincèrement Madame Manette Chouvel d’Augerolles qui m’a très gentiment envoyé des cartes postales ainsi que 3 feuillets du livre de René Crozet « l’Auvergne qui guérit«   dont je vous livre ci-après quelques extraits :  » je suis allé voir Monsieur l’abbé Chambat, à Augerolles. Il m’a reçu fort courtoisement quoique ma démarche l’eut un peu interloqué au départ. Après une heure d’entretien il m’avait tout dit, je pense, sur Notre Dame d’Espinasse, me donnant même, en souvenir, une petite notice qu’il a lui-même publiée, avec son assentiment pour y prendre ce qui « me sera utile ». Le plus ancien témoignage de reconnaissance qui nous soit connu est bien celui que l’abbé Charles-Alexandre de Montgnon fit graver sur une plaque de marbre noir qu’il fit placer en 1718 dans l’église près de l’antique statue. Cet ex-voto qui mesure 1 mètre de haut sur 0,70 de large porte en son sommet les armoiries de la famille de Montgon. L’abbé y fait le récit, en langue latine, d’une grâce obtenue au mariage et de lui avoir permis, ainsi, de suivre sa vocation à l’éclat ecclésiastique et la remercie de l’avoir aidé à parvenir aux joies de la prêtrise. Cet ex-voto, placé d’abor dans l’église d’Espinasse fut transféré en 18032, par les soins du curé Chabrier, dans l’église d’Aubusson, ainsi que l’une des deux statues pour qu’elle puisse continuer à recevoir dans cette église les hommages de ses fidèles dévots, puisque le culte n’allait plus être maintenu d’une façon régulière dans la vieille église d’Espinasse.

Une dame de la Monnerie, Mme C., octogénaire, vint, il y a quelques années en pèlerinage à Notre Dame d’Espinasse. Elle fit à M.Le Curé le récit suivant : »Etant enfant, j’étais aveugle.Mes parents me conduisirent un jour ici pour demander à la Sainte Vierge de me rendre la vue. Je me souviens que M.le Curé d’alors, M.Guérinon, me prit, me souleva et m’éleva à bout de bras, de façon à ce que je puisse toucher la statue placée dans la niche, au-dessus de l’autel. Quand je parvins à toucher la statue, j’ai retrouvé instantanément la vue. Je vous affirme que ce fut ainsi… »

Les paroissiens d’Aubusson attribuent à une protection toute spéciale de Notre Dame d’Espinasse la préservation de l’incendie criminel du boug d’Aubusson, que les allemands, à la recherche de « maquisards » introuvables, menacèrent d’allumer en 1944.

En 1957, eut lieu la guérison d’une jeune fille de Lezoux qui souffrait d’un goître à l’aorte. Elle était condamnée après avoir été opérée. Le dernier jour d’une neuvaine faite à Notre-Dame d’Espinasse à ses intentions, elle commença à s’alimenter. En 1957, une femme de Thiers, condamnée pour urée, nous a dit qu’elle fut guérie pendant que la sainte Messe était célébrée à Espinasse à ses intentions pour demander sa guérison.

En 1969, deux personnes de Paris sont venues passer quelques jours à l’hotel Découzon, à Aubusson, dans le but de demander une faveur à la Vierge d’Espinasse. Une amie de Paris, avait été guérie d’une grave maladie des yeux après s’être lavée à la source de Notre-Dame d’Espinasse et leur en avait fait le récit. De retour à Paris, ces deux personnes ont écrit à M. Découzon et M. le Curé qu’elles avaient été pleinement exaucées. L’on pourrait continuer à faire l’énumération de beaucoup d’autres faveurs qui restent encore ignorées. Contentons-nous d’inviter les pèlerins à méditer devant les ex-voto aux murs de la chapelle, et ils seront émerveillés »

 Notre-Dame d'Espinasse à Aubusson d'AuvergneNotre-Dame d'Espinasse, source, viergeFontaine à loques mirauleuse Notre Dame d'Espinasse

Croix/Source miraculeuse à loques de Notre Dame d’Espinasse à Aubusson d’Auvergne (63)http://www.capella1.com/sources/selection/ntdamespinasse.jpg  ou http://aubusson631.canalblog.com/archives/2007

L’arbre guérisseur

Ci-dessous, informations communiquées par Mme Françoise Lempereur, Unité de Recherche en Médiation Culturelle, Département des Arts et Sciences de la Communication, Université de Liège.Informations publiées dans l’ouvrage « les guérisseurs d’hier et d’aujourd’hui »

« Paul SANGLAN, membre du SATPW

L’arbre guérisseur

1. Introduction

Pour présenter les arbres de Wallonie réputés pour leurs vertus thérapeutiques et comparer la situation actuelle avec celle d’antan, nous reprendrons brièvement un certain nombre de données anthropologiques et historiques et ce, afin de mieux faire comprendre tout le cheminement qui amena nos ancêtres à pratiquer des rites spécifiques. Nous consignerons ensuite le résultat de nos enquêtes et visites sur le terrain et en tirerons quelques conclusions. Précisons que notre travail sur le terrain s’est limité exclusivement aux « arbres à clous » situés dans les provinces de Luxembourg et de Liège, bien qu’en dehors de ces deux provinces, d’autres régions de Belgique, telles les provinces de Hainaut, de Namur, du Brabant wallon et quelques lieux en Flandre, comportent des sites identiques.

2. L’arbre symbolique, l’arbre sacré

De tout temps, l’Homme a tenté de représenter les notions complexes ou mystérieuses par des images ou des objets de son entourage familier, personnifiant en quelque sorte ces notions dépassant son entendement. Ce sont les « symboles » : animaux, plantes, insectes, planètes et objets divers. Les arbres figurent parmi les thèmes symboliques les plus riches et les plus répandus, à la fois par la diversité des espèces et par leur structure qui, à elle seule, justifie leur présence au sein de nombreuses philosophies. L’arbre est avant tout symbole de Vie et surtout de la vie cyclique puisque, chaque année, il meurt et reverdit. Sa verticalité symbolise aussi le chemin ascensionnel par lequel transitent ceux qui passent du visible à l’invisible, de la terre au ciel. C’est le pilier central qui soutient le temple ou la maison dans la tradition judéo-chrétienne, c’est aussi la colonne vertébrale soutenant le corps humain, temple de l’âme.

La forêt et les arbres qui la composent préexistent à l’homme et lui survivent. L’arbre traversant plusieurs siècles témoigne d’événements que lui seul est capable de mémoriser dans sa structure. Cette faculté qui, pour nos ancêtres, restait toute symbolique, est aujourd’hui concrétisée par une science auxiliaire de l’histoire : la dendrochronologie, qui permet non seulement de calculer l’âge d’un arbre abattu, grâce au nombre de ses cernes annuelles, mais nous renseigne de façon précieuse sur le climat et l’environnement de l’arbre tout au long de son existence. Si l’arbre symbolise la longévité, il symbolise avant tout le caractère cyclique de l’évolution cosmique, en un enchaînement perpétuel de mort et régénération, perceptible surtout chez les feuillus qui se couvrent de feuilles au printemps, produisent fleurs et fruits ensuite pour se dépouiller et sembler mourir durant la mauvaise saison jusqu’à la « renaissance » de la lumière, de la chaleur et de la vie.

L’arbre, surtout lorsqu’il s’agit de chênes, de hêtres ou de tilleuls majestueux, voit sa ramure se développer dans les premières couches du ciel. Dans de nombreuses mythologies, le tronc, reliant la cime aux racines ancrées dans les profondeurs de la terre, a joué le rôle de passerelle entre le Monde souterrain des morts (les Enfers) et le Monde céleste où siègent les dieux (les Cieux). Le Monde terrestre, à l’instar du tronc, est le lieu où évolue l’être humain. L’arbre est donc le trait d’union entre les mondes des Enfers, de la Terre et des Cieux ; la communication entre ces trois mondes se concrétise au travers de l’arbre.

Outre cette relation, il réunit les quatre éléments :

- l’eau, qui circule avec sa sève ; – la terre, fouillée par ses racines ;

- l’air, qui nourrit ses feuilles et dans lequel elles se meuvent ; – le feu, qui jaillit de son frottement.

Il assure également certaines fonctions renfermant un caractère sacré dès son origine tels l’Arbre du Jardin d’Eden, l’Arbre de la Vie (dispensant l’immortalité) et de la Connaissance (du Bien et du Mal qui donne la mort car il ouvre sur le pouvoir et le savoir), l’Arbre du Microcosme, l’Arbre Axis-Mundi. L’arbre accomplit aussi des missions que l’homme lui confie ; il joue une série de rôles l’aidant à se repérer dans l’espace et dans le temps, à s’abriter, à se nourrir, à se secourir. C’est ainsi que l’on dénombre les arbres limites, les arbres commémoratifs, les arbres de fêtes, les arbres régénérateurs, etc. Dans son Traité d’histoire des religions, Mircea Eliade écrit : « …Jamais un arbre n’a été adoré rien que pour lui-même, mais toujours pour ce qui, à travers lui, se « révélait », pour ce qu’il impliquait et signifiait. » Cette idée, partagée par d’autres auteurs, semble confirmer le fait que les croyances se focalisent sur l’arbre pour l’énergie contenue en chacune de ses parties, racines, tronc, ramure, feuillage et sa sève qui la distribue en chacun de ses points. Nous dirons donc que le choix de l’arbre comme symbole religieux n’est nullement le fait du hasard. Ce choix fut dicté à l’homme par la phénologie, la taille, la longévité de l’arbre, symbole de la Vie. Parmi les arbres communs de nos contrées, trois espèces dominent lorsqu’il s’agit d’utiliser l’arbre d’une autre manière qu’en bois d’œuvre ou de chauffage : le chêne, le frêne et le tilleul auxquels viennent s’ajouter, de manière plus épisodique, le hêtre, le robinier, le marronnier et même le charme ou l’aubépine.

Les arbres approchés à l’occasion de nos enquêtes appartiennent à ces espèces.

3. Du symbolisme à la réalité

Le chêne était l’arbre sacré des Grecs, des Romains et des Gaulois. Les Germains, quant à eux, retenaient le tilleul et les habitants des pays nordiques, le frêne. Chacun de ces peuples planta donc ces espèces dans des lieux publics, là où se rassemblaient les populations ou pour marquer les grands carrefours.

A l’époque des Gaulois, le chêne était lié au culte de la déesse Arduina (dont le nom est à l’origine du mot Ardenne) et une tradition orale, non étayée scientifiquement à notre connaissance, veut que les évangélisateurs chrétiens prirent l’habitude d’abriter sous ou sur les chênes, l’ »image » de la Vierge Marie pour supplanter l’antique déesse (le sens du mot « image », au Moyen Age, était différent de celui que nous connaissons aujourd’hui, il s’applique généralement à une statuette) Les Chênes à l’image sont de plus en plus rares ; aujourd’hui, les hêtres ont souvent pris le relais en devenant à leur tour des Hêtres à la Vierge, sur lesquels une statuette, une image, voire une petite chapelle sert toujours de support à la dévotion . Le choix du tilleul protégeant une croix, une potale et plus tard, une chapelle, pourrait être un souvenir de l’époque franque quand, planté à proximité d’une forteresse ou d’un château, le tilleul y représentait l’autorité et la justice royales.

A proximité d’une croix d’occis (croix érigée à la mémoire d’une personne décédée de mort violente), le tilleul symbolisait sans doute l’ »Arbre de Vie ». Est-ce pour cette raison que l’essence fut choisie en masse pour commémorer le centenaire de la Belgique ? Peut-être…car en 1930, les Belges, majoritairement catholiques, assimilaient l’Amour de Dieu à l’Amour de la Patrie. On notera aussi que le tilleul était souvent associé au gibet. Il était alors garni ou accompagné d’une croix, voire d’un calvaire, permettant au condamné de se recueillir et de demander pardon à la Justice divine une dernière fois, de son vivant, pour les exactions commises.

Au XIIe siècle, saint Bernard fit de la forêt l’équivalent du « désert » des Evangiles, lieu de solitude et de ressourcement : « Les forêts t’apprendront plus que les livres ; les arbres et les rochers t’enseigneront des choses que ne t’enseigneront pas les maîtres de la Science » et l’hagiographie traditionnelle nous présente de nombreux saints ermites retirés dans le plus profond de la forêt – saint Monon de Nassogne (saint du VIIe siècle) par exemple -. Pourtant, très tôt, dès après la conversion des peuples francs consécutive à celle de Clovis, l’Eglise se prononça officiellement contre toute pratique rituelle liée aux arbres. Les prêtres, les ermites, les moines et les évêques – des saints tels Adelbert, Martin, Valery notamment -, firent abattre bon nombre de ces arbres pour y substituer des pratiques chrétiennes ; ils furent encouragés par des édits officiels, comme l’ordonnance qu’édicta Childebert en 544, ordonnance confirmée, au début du IXe siècle, par un édit de Charlemagne : « A l’égard des arbres, des pierres, et des fontaines, où quelques insensés vont allumer des chandelles et pratiquer d’autres superstitions, nous ordonnons que cet usage soit aboli, que celui qui, suffisamment averti, ne ferait pas disparaître des champs ces simulacres qui y sont dressés, ou s’opposerait à ceux qui ont reçu l’ordre de les détruire, soit traité comme sacrilège. »

En 567, le concile de Tours condamna à l’excommunication ceux qui pratiquaient le « culte » des arbres et, en 658, celui de Nantes recommanda de brûler les arbres qualifiés de « sacrés » ou faisant l’objet d’un culte ou d’un rite. Cette volonté de réduire à néant toutes les pratiques qualifiées de superstitieuses se développa davantage dès le Xe siècle, au cours de la période de stabilité relative succédant aux dernières « invasions barbares ». Dès le XIIe siècle, les moines, cisterciens essentiellement, entreprirent de grandes déforestations au profit d’exploitations agricoles et, bien que leur but était essentiellement économique, ces défrichements permirent d’éradiquer la plupart des cultes « païens » liés aux arbres et aux forêts.

Entre les XVIe et XVIIIe  siècles, époque où la production de fonte nécessitait beaucoup de charbon de bois, on procéda à l’abattage systématique par des « coupes à blanc » mais cette exploitation abusive semble avoir épargné la plupart des arbres « significatifs » : les « arbres limites » qui assuraient le bornage d’une terre ou d’un domaine, furent, par exemple, épargnés.

4. L’arbre à clous et l’arbre à loques

L’arbre guérisseur ne date pas d’hier puisque déjà au VIe siècle, Cassiodore dans son Historia tripartita rapporte qu’à l’époque de la Fuite en Egypte de la Sainte Famille, existait à Hermopolis, en Thébaïde, un arbre nommé « Persidis » aux propriétés guérisseuses. Il suffisait aux malades de recueillir un fragment de l’arbre, fruit, écorce ou feuille, et de le porter accroché au cou pour se débarrasser du mal dont ils souffraient. Et d’enchaîner, qu’au moment du passage de la Vierge portant son divin fils, l’arbre s’inclina jusqu’à terre en signe d’adoration de Jésus-Christ…

Chez nous, parmi les arbres réceptacles des maux dont on veut se débarrasser, il faut distinguer l’arbre à loques, arbre sur lequel on attache un objet rappelant la maladie dont on souffre, un pansement ou un simple morceau d’étoffe ayant touché la plaie, et l’arbre à clous, où le mal est cloué avec un clou « chargé » au contact de la plaie ou de l’affection.. Le clouage dans l’arbre à clous est strictement lié à la croyance en ses pouvoirs guérisseurs, contrairement à l’arbre à loques utilisé aussi comme support d’ex-voto. Notre étude sur le terrain a permis de dégager quelques constantes : – la plupart des arbres cloués sont des tilleuls ; – le but du clouage est, habituellement, de se débarrasser des maux de dents, parfois des furoncles ou des « clous »  et, lorsqu’une chapelle prend place à côté de l’arbre, voire le remplace, c’est souvent à sainte Apolline qu’elle est dédiée, sainte Apolline invoquée, elle aussi, contre les rages de dents

Le rite du clouage s’effectuait de différentes manières et comportaient des variantes locales. Ainsi, dans son livre Les arbres fétiches de la Belgique, paru en 1912, Jean Chalon écrit, p. 9 : « Un des remèdes populaires les plus usités dans le pays wallon contre le mal de dents consiste à faire toucher la dent malade par un guérisseur (sègneu) avec un clou de cercueil, puis à aller ficher à minuit ce clou dans un arbre. Le mal doit disparaître au fur et à mesure que le clou s’enfonce. » P. 16 : « Il existe encore une autre méthode pour se débarrasser de certains maux, notamment des hernies : elle consiste à clouer la maladie à un chêne. A cet effet, on touche avec un clou de cercueil la partie malade, on place le patient nu-pieds devant le tronc d’un chêne et en prononçant certaines formules, on enfonce le clou dans l’arbre juste au-dessus de la tête du hernieux. Beaucoup de vieux chênes sont criblés à hauteur d’homme de clous qui rappellent cette cérémonie. » P. 17 : « Si un homme a mal aux dents, attendez que la lune soit en décroissance, alors enfoncez un clou dans la dent malade jusqu’à ce qu’elle saigne, et fichez ce clou, sans rien dire, dans la face nord d’un chêne en un point que le soleil n’échauffe jamais ; la dent malade ne fera plus souffrir son possesseur tant que l’arbre restera debout. C’est au Génie de l’arbre que s’adressent les hommages et les prières ; c’est sur lui aussi qu’on cherche à se décharger de ses maux. Il ne s’agit pas là de guérison, mais de déplacement, de sorte qu’au fond de cette thérapeutique trop confiante, on peut encore discerner l’idée très pessimiste que le mal physique est indestructible. » Tous ceux qui ont décrit le rituel de clouage s’accordent pour dire qu’il s’effectuait généralement de nuit, en l’absence de tout témoin. Une dame de la région d’Aywaille est plus précise : « Je suis allée avec ma grand-mère en pèlerinage à l’arbre à clous de Fraiture (Sprimont) en 1924. J’avais 8 ans. C’était un magnifique tilleul au tronc presque complètement couvert de clous. Nous avons enfoncé chacune le nôtre, fait le signe de croix, récité 3 Ave Maria, puis nous sommes parties à reculons pendant quelques mètres » (témoignage de Jeanne Julémont recueilli par Isabelle Godfroid).

Il nous faut reconnaître que, malgré les dizaines d’enquêtes menées dans tous les villages où la présence ancienne ou actuelle d’un arbre à clous avait été notée, personne d’autre que cette dame n’a avoué avoir planté un clou. Lors de notre enquête, les personnes auxquelles des questions relatives aux arbres à clous furent posées nous renvoyaient, tantôt à des personnes plus âgées, tantôt à un organisme tel l’Office du tourisme de l’endroit ou l’administration communale, voire le curé de la paroisse du lieu. Pratiquement toutes les personnes semblaient connaître l’existence des arbres, savaient que des rites ont été pratiqués envers eux mais présentaient une certaine gêne d’en parler.

5. Des arbres « christianisés »?

Faut-il croire que les arbres qui font actuellement l’objet de rituels de guérison ont été en quelque sorte « christianisés » lors des diverses périodes d’évangélisation que connut notre région, et particulièrement entre les 6e et 8e siècles ? En examinant de plus près les sites dans lesquels ils se développent, plusieurs caractères pourraient étayer cette hypothèse : ainsi, ils sont généralement plantés sur un sommet et à proximité d’une source ; ces arbres en remplaceraient d’autres qui faisaient l’objet, de temps immémoriaux, de rituels divers liés à la vénération d’une divinité antique, invoquée ou implorée pour le soulagement de certains maux.

L’obstination mise par l’Eglise à supprimer ces arbres « païens » aurait, involontairement, contribué à cultiver des croyances anciennes. Dans les milieux populaires en effet, le culte rendu aux arbres semblait totalement indépendant de celui prôné par l’Eglise ; pour eux, le fait de prier Dieu, la Vierge ou un saint thaumaturge était complémentaire, ne pouvant que renforcer l’action demandée simultanément aux deux parties. L’Eglise dut s’en rendre compte car elle changea d’attitude : renonçant à poursuivre la destruction des arbres, elle tenta de détourner les rituels antiques à son profit en plaçant sur l’arbre un crucifix, une statuette de la Vierge ou d’un saint. Choix stratégique ? La question reste posée : les arbres « à la Croix », les arbres « à l’Image », les arbres dédiés aux saints ou ombrageant leurs chapelles ne sont pas tous des arbres sacrés et rien ne prouve que la présence simultanée d’un arbre à clous et d’une chapelle soit le fait d’une récupération par l’Eglise. Il peut s’agir simplement d’une mise en commun de deux croyances se superposant pour ne plus pouvoir être dissociées.

Arnold Van Gennep va dans le même sens lorsqu’il écrit que les arbres sur lesquels de petites statues (nous dirions « potales » en région liégeoise) furent fixées n’ont pas été choisis parce qu’ils étaient sacrés antérieurement mais le contraire ; c’est la Vierge qui leur conféra ce statut. Et d’ajouter « Le seul raccord théorique pourrait être l’assimilation de ces chapelles et calvaires à l’ancien culte des dieux Lares des carrefours. » La pratique du clouage ne semble pas antérieure au christianisme. Or, dans l’iconographie chrétienne, sainte Apolline, invoquée pour les rages de dents, présente pratiquement toujours une paire de tenailles, lesquelles pincent une dent de dimension souvent impressionnante. Il est dès lors aisé de croire que la sainte extrait le mal de dent à l’aide des tenailles, outil qui sert habituellement à l’extraction de clous, d’où une assimilation possible entre le mal et le clou. Dans ce cas, le rite du clouage pourrait avoir comme origine… le culte de sainte Apolline.

Autre hypothèse : certains arbres limites ont pu servir de « panneau d’affichage » sur lesquels étaient fixés des documents, arrêtés de lois, etc. De nos jours, sur les arbres situés au centre d’un village, à proximité d’une église ou dans un site d’intense passage, il n’est par rare de trouver des agrafes et clous utilisés pour fixer des avis et affiches annonçant l’une ou l’autre manifestation. Par méprise, ces clous ont pu suggérer l’idée de vecteur de guérison. Le rite du clouage ne remonterait pas fort loin dans le temps et ne serait donc pas le vestige d’un culte ancien. Quelle que soit l’origine du clouage, sa signification anthropologique semble claire : au fer, matière avec laquelle les clous étaient réalisés, est associé un principe maléfique car le fer engendre les intentions malfaisantes. Par le clouage, l’effet « aspirateur » d’éléments négatifs est mis en application : à son contact, le clou en fer attire à lui le mal à soulager, et le transmet à l’arbre qui, en vertu de la puissance de sa vitalité, annule l’effet du mal.

Le clouage peut donc être induit d’un acte magique, n’ayant jamais été une pratique chrétienne, même lorsqu’une chapelle est bâtie à proximité et dédicacée à un saint guérisseur (chapelles Sainte-Apolline à Sart-lez-Spa, Magnée, etc.). La relation entre le saint et le mal cloué n’est d’ailleurs pas toujours claire : certains saints retenus (saint Hadelin par exemple) n’ont parfois aucun rapport avec les maladies susceptibles d’être transférées à l’arbre cloué. La seule constatation qu’il nous est possible de faire est que le clouage, bien qu’encore très peu pratiqué, ait persisté jusqu’à nous.

6. Etat des lieux en 2003

Il semble que le rite du clouage s’est pratiqué un peu partout en Belgique et dans le nord et l’est de la France au moins, mais probablement pas avec la même intensité dans chacune de ces régions. L’étude est évidemment tronquée puisque la tradition se meurt. Précisons qu’actuellement, les arbres à clous sont plus nombreux, avec surtout une forte concentration en province de Liège, où, contrairement au Hainaut par exemple, on ne connaît plus d’arbre à loques.

La littérature sur le sujet nous apprend que la majorité des lieux de pratique du clouage se situaient dans une bande horizontale limitée, au nord, par une ligne passant par Renaix, Wavre et Visé et, au sud, par une ligne reliant Binche, Charleroi et Stavelot. Seuls quelques sites font exception et se placent en dehors de ces deux traits. Dans la province de Liège, la concentration est maximale dans un carré logé dans la bande définie ci-dessus et deux verticales passant, l’une par Tongres et Anthisnes, l’autre par Eupen et Malmédy.

Précisons d’emblée qu’avant d’effectuer notre enquête sur le terrain, nous avons lu tous les ouvrages ou articles cités infra dans notre bibliographie. A ce stade, nous avions recensé 60 arbres à clous pour les deux provinces envisagées, dont cinq seulement en Luxembourg. Des 60, treize durent être éliminés dès le départ car leur localisation était trop imprécise. Sur les 47 sites visités, 18 arbres ont disparu, la plupart foudroyés (la masse métallique qu’ils représentaient était évidemment très forte), d’autres ont été abattu par une intervention humaine, pour raison de sécurité ou…par décision des autorités religieuses locales.

Par trois fois, l’arbre disparu a été remplacé par un jeune qui a assumé, momentanément au moins, le même rôle que son prédécesseur. 15 arbres sont toujours vivants, parfois dans un état précaire, comme le Tilleul de Miermont à Saive par exemple. Les autres ne sont pas des arbres à clous au sens où nous l’entendons, c’est-à-dire ayant fait l’objet d’un rituel de clouage.

Ces résultats sont consignés dans les tableaux ci-dessous. On se reportera aux cartes pp.

Arbres disparus

Arbres encore en vie

Arbres remplacés (en vie)

LG04 Argenteau

LG28 Deigné

LG15 Jalhay

LG16 Banneux

LG22 Fontin

LG08 José

LX04 Dampicourt

LB01 Fouron-le-Comte

LG29 Ouffet ?

LG12 Forêt

LX02 Izier

 

LG27 Fraiture

LX01 Longueville

 

LG26 Gérômont

LG06 Liège

 

LG07 Herve

LG21 Limont

 

LG25 Hody

LG18 Louveigné (Hte-Cour)

 

LG17 Louveigné (Stinval)

LG11 Saint-Hadelin

 

LG10 Magnée

LG05 Saive

 

LG09 Melen

LG19 Sprimont

Clous récents

LG20 Plainevaux

LG32 Theux

LB01 Fouron-le-Comte

LX03 Saint-Hubert

LG24 Vien

LG21 Limont

LG33 Sart-lez-Spa

LG30 Xhoris (Fanson)

LG11 Saint-Hadelin

LG13 Tilff

LG31 Xhoris (Lognards)

LG30 Fanson

LG14 Tribômont

   

LG03 Visé

   

LG23 Xhos

   
     

 

Des résultats ci-dessus, nous pouvons avancer sans équivoque que la pratique du clouage a nettement régressé durant le siècle dernier, essentiellement au cours de la période qui suivit la deuxième guerre mondiale. Dans l’article qu’il publia en 1960, André Nélissen constatait déjà ce déclin. Une meilleure hygiène et les progrès opérés par la médecine ne sont certes pas étrangers à cette évolution. De même, l’accessibilité aux soins médicaux grâce à une Sécurité sociale permettant aux plus démunis de se soigner à moindre coût, favorisa également la régression de ces pratiques.

Si ces croyances sont aujourd’hui moribondes, la pratique du clouage n’est toutefois pas entièrement abandonnée. Parmi les arbres étudiés, quatre présentent encore des clous, voire des vis, récents : ceux de Saint-Hadelin, Xhoris (Fanson), Fouron-le-Comte et Limont. La tradition se maintient donc mais il est impossible de préciser dans quels buts. S’agit-il des mêmes motifs qu’antérieurement ou y a-t-il également une évolution dans la mentalité ou dans les objectifs poursuivis ? Peut-être sommes-nous en présence d’un geste désespéré de malades ayant recours à ce moyen alors que tous les autres ont échoué ? Nous ne nous prononçons pas, étant donné qu’aucun témoin n’a avoué encore accomplir cet acte.  » 7. Bibliographie

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