ARARCO : Merci aussi à Monsieur Patrick ANSAR, directeur général adjoint en charge des Affaires Culturelles et du Patrimoine et conservateur délégué des Antiquités et Objets d’Art du Nord qui m’a communiqué de précieuses informations sur les arbres à loques mais aussi sur les chapelles, calvaires, fontaines.
Il m’a recommandé plusieurs ouvrages dont un déjà ancien (1936) de Monsieur Maurice Crampon sur le »culte de l’arbre en Picardie ». Ce livre n’est plus disponible en librairie. On peut le consulter sur place à la Médiathèque Jean Lévy à Lille au 32-34 rue Edouard Delesalle. Deux autres ouvrages : »le folklore de Picardie, Amiens, Musée de Picardie, de Maurice Crampon et de Jacques Wailly - « Croyances et cultes populaires en Picardie » Amiens,Martelle Editions, de Yvan Brohard et Jean François Leblond .
Je remercie aussi l’ARARCO et Monsieur Thierry Sandevoir qui ont transmis ma demande de recherche auprès du bon interlocuteur Monsieur Patrick ANSAR.
Site de l’ARARCO : http://asso.nordnet.fr/ararcoARARCO (association régionale pour l’aide à la restauration des Chapelles et Oratoires), BP 318 59026 LILLE Cédex 03 20 55 20 28 mail : ararco@nordnet.fr. Cette association édite un journal « Chapelles »
Ci-dessous informations communiquées par l’ARARCO :
Arbres à loques :
Bailleul : dans le Nord (59), au lieu dit »Ziekelynde », appelé tilleul des malades. Les pélerins prient une Vierge dans une niche et accrochent à l’arbre, des ligatures, des jarretières, des cordons de paille (Messiant, chemins et chapelles de Bailleul, p 28), sur cet arbre, une foule de pèlerins viennent sans cesse adresser leurs prières à une image de la Vierge, renfermée dans une petite chapelle fixée à cet arbre, auquel les visiteurs par un préjugé absurde, croient nécessaires d’accrocheer des ligatures, des jarretières ou des cordons de paille comme cela se fait à une chapelle à Leffrinckoucke (Bertrand p 152).
Neuville-Coppegueule : dans la Somme (80), arbre Saint Claude ou friperie d’St Gleude, arbre à loques contre les fièvres, on y accrochait des rubans et des vêtements (croyances et cultes populaires en Picardie, Martelle Editions, p 16, Brochard (Yvan) et Leblond (Jean François)
Longueil Sainte Marie : dans l’Oise (60), rubans et pièces de vêtements accrochés à trois marroniers proches d’une chapelle (croyances et cultes populaires en Picardie, Martelle Editions, p 16, Brochard (Yvan) et Leblond (Jean François)
Sainte Fontaine à Bulles : dans l’Oise (60), les malades attachaient aux arbres des rubans et des branches flexibles (hart) trempées dans la fontaine et lorsque ces liens tombaient détruits par l’action du temps ou de l’humidité, ceux qui les avaient placés étaient préservés à toujours de la fièvre (Graves 1856). L’Evêque de Beauvais Mgr de Saint Aignan condamna l’exercice de ce culte en 1716,1719 mais cela continua (croyances et cultes populaires en Picardie, Martelle Editions, p 21, Brochard (Yvan) et Leblond (Jean François)
Pré d’Auge : dans le Calvados (14) : chêne St Méen couvert de linges (Le patrimoine des Communes du Calvados, édition Flohic, p 1065 de Jean Luc Flohic)
Fontaines à Loques :
Vieux-Bourg : dans le Calvados (14), à la fontaine St Erme, pèlerinage pour les affections oculaires, les pèlerins accrochent un linge à la fontaine. (Le Calvados, les 605 communes, Ed Delattre, Grandvilliers, p 291 de Daniel et Emmanuel Delattre) (Le patrimoine des Communes du Calvados, Ed Flohic, p 1315, de Jean Luc Flohic)
Longueil Sainte Marie : dans l’Oise (60), fontaine St Suplice, on y venait en janvier attacher branches et rubans à trois marroniers pour y lier la fièvre. (Croyances et cultes populaires en Picardie, Martelle Editions, p 21, Brohard (Yvan) et Leblond (Jean Luc)
La Croupte : dans le Calvados (14), source à loques, affections de la peau, patron indéterminé. (Le patrimoine des communes du Calvados, edition Flohic, p 1227, de Jean Luc Flohic)
La Teste de Buch : dans la Gironde (33), fontaine St Jean et le chêne, les jeunes mariés pour avoir de la chance accrochent des mouchoirs. (Le patrimoine des communes de la Gironde, Ed Flohic, p 1562, de Jean Luc Flohic)
Calvaires à loques :
Caudescure : dans le Nord (59) près de Merville, calvaire à loques à l’entrée du village (Messiant, chapelles et chemins de Bailleul, p 141) (à Merville, forêt de Nieppe, Ed Flohic Nord, p 1262)
Steene : dans le Nord (59), près de Bergues, calvaire avec aux grilles et aux branches des morceaux de vêtements noués (Ed Flohic Nord, p 282)
Viry-Noureuil : dans l’Aisne (02), calvaire à loques (croyances et cultes populaires en Picardie, Martelle Editions, p 16, de Brohard (Yvan) et Leblond (Jean François)
Villemoyenne : dans l’Aube (10), croix St Rock, on y lie la fièvre à la croix avec des rubans ou des charmilles. (Le département de l’Aube en cartes postales, librairie champenoise, p 764, de l’abbé Durand)
Ouville la Rivière : dans la Seine Maritime (76), croix de Ste Apolline couverte de rubans (Gancel Saints Normands, p 11)
Dépôt de chaussures
Bas Lieu : dans le Nord (59), près d’Avesnes-sur-Helpe, à la chapelle St Liénard, on invoque le Saint pour les enfants liés, ceux qui ne savent marcher ET on accroche aux grilles des chaussures. (Ed Flohic Nord, p 127) (dossier ARARCO, id Guirlinger, p 72)
Gommegnies : dans le Nord (59), près de Quesnoy, dépôt de chaussures au calvaire de St Jean Tremblant dit « calvaire du chêne aux loups »
Wignehies : dans le Nord (59), près d’Avesnes-sur-Helpe, on attache à la grille de la Chapelle St Jean des chaussons et des chaussettes, pour inciter les enfants à marcher. (Oratoires et niches de pierre bleue de l’Avesnois, du Cambrésis et de la Thiérache de l’Aisne, St Symphorien (belgique), p 256, de René Guirlinger et Jean Noël Marissal)
La Chapelle Saint Sauveur : dans la Loire-Atlantique (44), sur la tombe de Nanon Breton morte en 1853, on dépose des chaussures pour que les enfants puissent marcher. (Le patrimoine des communes de l’Atlantique, Ed Flohic, p 1307, de Jean Luc Flohic)
Chapelles à loques
Selon Dezitter « par une autre pratique très usitée, on attache aux grilles des chapelles ou aux arbres des alentours, des jarretières, des cordons et même de simples fils auxquels on attribue le pouvoir de délivrer le pèlerin en fixant son mal sur la demeure du Saint. Cette coutume s’appelle vulguairement « het zeer afbinnen » (attacher le mal) et son origine est à rechercher dans la mythologie scandinave (Dezitter, chapelles rustiques en Flandre, p108)
Berthen : dans le Nord (59), près du Mont des Cats, Bailleul, à la chapelle de la Passion, les pélerins nouent un mouchoir, un cordon ou un autre effet appartenant au malade à la grille pour lier le mal (Messiant, chapelles et chemins de Bailleur, p33) (photographies de la dévotion et de la grotte dans Chapelles n°46 juin 1994, p 8 et 9)
Bugnicourt : dans le Nord (59), près de Douai, à la chapelle du Dieu de Pitié, ne conserve pas de témoignages de loques pour faire tomber les fièvres.
Armbouts-Cappel : dans le Nord (59), près de Bergues, chapelle Notre Dame du Sacré Coeur, les paysannes dont les enfants étaient fiévreux attachaient autrefois à la porte lacets et petites chaussures (Flohic Nord, p245)
Ramillies : dans le Nord (59), près de Cambrai, chapelle Notre Dame du Bon Air, à l’époque où la peste sévissait, les habitants nouaient un ruban sur la porte de l’édifice. Après plusieurs mois, la guérison du malade était indiquée par la chute du tissu, chapelle fréquentée par les mariniers, ex-voto de bâteaux (Flohic Nord, p 411)
Zermezeele : dans le Nord (59), près de Cassel, chapelle Notre Dame des Sept douleurs, les liens noués au fer forgé de la porte symbolisaient le don des souffrances et l’espoir d’en être soulagé par ce noeud (Flohic Nord, p 485)
Locquignol : dans le Nord (59), près de Quesnoy, Maubeuge, Notre Dame de la Flaquette, à la chapelle dans la forêt de Mormal, pèlerinage contre les fièvres paludéennes. On y pendait des pièces de vêtement, coutume combattue et abandonnée (Flohic Nord p 1333) (dossier ARARCO)
Hasnon : dans le Nord (59), Chapelle du Bon Dieu de Giblot, dans la forêt d’Hasnon (Flohic Nord, p 1436)
Boeschepe : dans le Nord (59), près de Steenvoorde, Chapelle Notre Dame de toutes les Peurs « Maria Troost der Bernauwde », pour préserver les enfants de leurs craintes. Vêtements et objets leur appartenant sont accrochés à la porte (Flohic Nord, p 1543) (dossier ARARCO)
Merckeghem : dans le Nord (59), près de Wormhout, Dunkerque, Notre Dame des Crampes « Onze lieve Vrouwer van Krampen » a la réputation de faire disparaître le mal si des morceaux de tissus lui sont attachés (Flohic Nord p 1763) (Chapelles n°18 décembre 1991, p 8)
Ardres : dans le Pas-de-Calais (62), chapelle de Saint Quentin dit Milfort, à loques, on y dépose même des pièces ou des bagues (Chapelles n°61 septembre 1995, p 2)
Noordpeene : dans le Nord (59), près de Cassel, Dunkerque, chapelle à Jésus Flagellé, on le priait en cas de fièvres et on laissait de son passage une loque nouée aux barreaux (Chapelles n°77, décembre 1996)
Hoymille : dans le Nord (59) près de Bergues, Dunkerque, la chapelle Notre Dame de Bon Secours serait une chapelle à loques (Chapelles n°111 janvier 2000) (Dezitter, nombreux cordons à la grille)
Hellemmes : dans le Nord (59), la chapelle Notre Dame de Bon Secours est une ancienne chapelle à loques (Chapelles n°111)
Halluin : dans le Nord (59), chapelle Notre Dame des Fièvres : chapelle à loques, le déplacement et la reconstruction en 2000 n’a pas interrompu la tradition (Chapelles n°117)
Wierre Effroy : dans le Pas-de-Calais (62), près de Boulogne sur Mer, chapelle Ste Godeleine (Chapelles n°120)
Dunkerque (Petite Synthe) : dans le Nord (59), chapelle et calvaire du Kruysbellaert, chapelle à loques (Dunkerque Magazine décembre 1993)
Watten : dans le Nord (59) près de St Omer, chapelle Notre Dame Consolatrice des Affligés, chapelle à loques dans le bois (Dossier ARARCO – Dezitter)
Oudezeele : dans le Nord (59) près de Steenvoode, Dunkerque, cordons à la grille de la chapelle de l’Immaculée Conception
Leffrinkhoucke : dans le Nord (59) près de Zuydcoote, Bray-Dunes, cordons et rubans aux grilles de la chapelle des fièvres dédiée à Onze Lieve Vrouw Ten Nood, ainsi que sur les buissons (Dezitter) mentionnée dans Bertrand , dévotions populaires, Hazebrouk, p 152
Bierne : dans le Nord (59), près de Bergues, Dunkerque, chapelle Ste Apolline où de nombreux cordons sont attachés à la grille (Dezitter) (confirmé par le maire de Bierne)
Loon : dans le Nord (59), près de Gravelines, dans la chapelle Notre Dame de Bon Secours, linges et rubans pendus (Dezitter)
Teteghem : dans le Nord (59) près de Dunkerque, à Notre Dame de Lourdes, contre les fièvres, nombreux cordons attachés à la grille (Dezitter)
Killem : dans le Nord (59), près de Hondschote, Dunkerque, chapelle Notre Dame des Fièvres, nombreux rubans attachés à la grille (Dezitter)
Outtersteene : dans le Nord (59), près de Bailleul, chapelle à la Vierge, le peuple va y servir, et avant de s’en aller, le pèlerin mal éclairé accroche à l’oratoire des jarretières et autres ligatures afin que le malade soit guéri de la fièvree (Bertrand Hazebrouck, p 155)
Spycher : dans le Nord (59), près de Bourbourg, Dunkerque, jadis à la grotte de Notre Dame de Lourdes, nombreux rubans et bandelettes (dossier ARARCO)
Plessis Gattebled : dans l’Aube (10), à la chapelle Notre Dame des Bornes, on invoque la Vierge contre les fièvres. Le mal était retenu dans la chapelle par un petit ruban (Czmara Jean Claude) (Chapelles et pélerinages dans l’Aube, bar sur Aube, Némont, p81)
Chaumont en Vexin : dans l’Oise (60) près de Beauvais, chapelle à loques pour lier les fièvres. (Brohard Yvan et Jean François Leblond, croyances et cultes populaires en Picardie, Martelle éditions, p 16)
Longuemort, dans la Somme (80), près d’Abbeville, Moyenneville, Tours en Vimeu, chapelle à loques
Wignehies : dans le Nord (59), près de Tréton, Avesnes/Helpe, Fourmies, à la chapelle St Jean, on attache à la grille des chaussons et des chaussettes en guise d’ex-votos, pélerinage pour apprendre aux enfants à marcher
Lieuche : dans les Alpes Maritimes (06), à la chapelle St Macaire, pèlerinage contre les croûtes de lait des nourrissons. On déposait des vêtements appartenant aux enfants dans la niche et ils étaient brûlés une fois l’an le jour de la St Jean (Flohic, le patrimoine des communes des Alpes Maritimes, p971)
Clermont Créans : dans la Sarthe (72), dans l’église St Symphorien, des vêtements sont accrochés à la porte de droite pour remercier le Saint contre le carreau (Flohic Jean Luc, le patrimoine des communes de la Sarthe, p 526)
Bas Lieu : dans le Nord (59) près d’Avesnes/Helpe, à la chapelle St Léonard, on attache à la grille des chaussons et des chaussettes en guise d’ex-votos, pèlerinage pour apprendre aux enfants à marcher (René Guirlonger et Jean Noël Marissal, oratoires et niches de pierre bleue de l’Avesnois, du Cambrésis et de la Thiérache de l’Aisne, St Symphorien, Belgique, p 256)
Fontenelle : dans l’Aisne (02), à la chapelle St Ursmer, même tradition qu’à Bas Lieu et Wignehies
Suis toujours à la recherche d’informations. Merci de faire partager vos connaissances, photos, documents,etc… au plus grand nombre, c’est ce que j’appelle un travail de vulgarisation.
Vous êtes intéressé par les croyances, les cultes, je vous invite à mentionner dans le moteur de recherche de Google « culte païen, rite magique, étrange cérémonie » et vous aurez ainsi de très nombreux sites, blogs sur ces thèmes
enfin un site interressant , moi qui recherche justement des lieux de devotions vous nous avez gater
Mr Dumez, merci pour votre commnentaire, je vous invite à visiter mon autre site qui est beaucoup plus fourni dont voici l’adresse :
http://michel46140.spaces.live.com
J’ai entendu dire que le rite des chapelles à loques ou des arbres à clous venait d’un rite païen récupéré,lors de l’évangélisation des populations vivant près des forêts.
Notamment, avant l’arrivée des moines défricheurs à Saint Amand les Eaux, ce q’on appelle aujourd’hui les Cinq forêts n’en formaient qu’une , plus ou moins mitée.
L’évangélisation a consisté entre autre à syncrétiser les cultes païens par un culte catholique : construire une chapelle là où existaient les cultes, de manière à canaliser et détourner les païens de leur croyance au pouvoir de certains arbres. (les croyances autres que chrétiennes étant assimilées à un péché contre la foi, donc péché mortel, à une idolâtrie, à la superstition).
Avez vous entendu parler de cette thèse ? Auriez vous des sources la développant ?